– Dieu crée les dinosaures. Dieu détruit les dinosaures. Dieu crée l’Homme. L’Homme détruit Dieu. L’Homme crée les dinosaures.
– Les dinosaures mangent l’Homme. La Femme hérite de la Terre.
Dr. Ian Malcolm, Dr. Ellie Sattler, jurassic Park.
Les grottes c’est beau. Les grottes c’est magique. Mais est-ce que ce n’est pas encore plus magique lorsque vous savez qu’à la sortie de la grotte, on peut découvrir une vallée perdue ? Cachée ? Où seuls les êtres dotés de dons de spéléologie ou de grimpe de l’extrême le long des falaises peuvent y pénétrer ? Le sentiment d’être privilégiée de fouler ce sol d’ocre rouge et de roches glissantes à travers la jungle, sans chemin à suivre en son sein ? Et peut être y trouver quelques dinosaures ou espèces eteintes qui referaient surface ???
C’est ici, dans cet article, que vous pourrez suivre cette aventure, dans sa plus pure définition. Tout commence par une longue traversée de monts, au bord de notre songthaew 4×4 habituel. Nous sommes 7 intrépides voyageurs, en quête de beautés cachées. Nous retrouvons notre guide, Hong, le même que celui qui nous a initié à notre première grotte quelques jours plus tôt.
Nous arrivons devant un chemin, en pleine jungle, tout de carrelage tracé, jusqu’à l’entrée de la grotte, une petite heure plus haute. On y croise de belles araignées,de belles racines et de véritables suées tropicales.
Une fois là-haut, on repart pour de nouvelles aventures souterraines. Pas les plus belles jusqu’ici, mais pour moi, les plus intenses. Rappellez vous, je suis claustrophobe. Et cette fois – ci, j’ai rampé, sur bien 15m de long, sur des graviers, me râpant les coudes et les genoux, le casque et les fesses touchant la paroi supérieure, les stalagtites me caressant l’échine. Ce fut excellemment éprouvant et difficile dans ma tête et dans mon coprs pour passer cette étape, mais je l’ai fait (pas le choix si je voulais faire la suite du périple).
Pour essayer de décrire au mieux, visualisez un plafond à 50cm du sol environ. Vous ne voyez pas le fond quand vous vous penchez, mais heureusement, je voyais la lumière de ceux qui me précédaient. Ninon était devant et il me fallait la suivre, mon seul lien de réconfort passant de l’autre côté. Le début du passage est en descente et c’est une grande flaque d’eau, mais nous pouvons y tenir accroupi. Nous commençons donc trempés. Mais jusque là ça va à peu près.
Une petite reminiscence de trauma d’enfance refait surface : une colo de vacances en spéléologie de quand j’avais 10 ans.
– Point nostalgie : on ne dit pas à une enfant claustro de passer un goulot extrêmement étroit et plat en lui vendant une grande salle derrière dans laquelle on peut bien respirer, alors qu’arrivée au bout on était une quizaine entassés comme des sardines ou l’on ne pouvait à peine prendre une bolée d’air et que l’on devait repasser par ce même goulot sans pouvoir se retourner…
Mais cette colo m’avait aussi démontré que je pouvais faire pire que ce que je vis aujourd’hui et donc au final, m’a donné du courage…
Je peux le faire…
… je peux le faire.
Sisi, je peux le faire ><.
Je m’engouffre dans le tunnel, sens mon casque toucher le plafond, ma cage thoracique au sol se serre, mon rythme cardiaque s’accélère, je sens la crise de panique arriver, putain je vais mourir étouffée !!!!!
Je rebrousse chemin, dans cette petite alcôve pleine d’eau. Thierry derrière moi me rassure, Ninon m’encourage, merci les copains. Je réduis la crise en tentant de penser avec rationalité. Ninon est passée, nous avons à peu près le même gabarit donc je peux passer. Je ne vais pas mourir étouffée, j’ai la place de respirer. Je me mets à regarder les graviers avec attention. C’est ça !
Comme lors de fouilles archéologiques, je regarde vraiment avec minutie. Et j’avance. Sans penser à rien d’autre qu’à ces petits bouts de calcaire polis pas l’eau, qui m’écorchent les coudes et les genoux. Je vois la lumière du projecteur de notre guide. Je vois le plafond se surélever. Bordel j’ai réussi, je suis de l’autre côté. Je me pose sur un rocher une fois debout, verse mes nerfs de cette eau salée si reconnable et gonfle mes poumons de fierté avant d’entendre notre guide nous dire :
« There is two others after. And we will come back by the same way »
Hong, à l’instant où mon cœur s’arrête.
Les serpents, les crevettes, les araignées, les chauves souris les champis de the last of us et tous nos petits copains habituels sont là pour nous accueillir.
Les deux autres passages sont plus courts et un peu plus haut, je me surprends à les passer avec beaucoup moins d’appréhension. Et l’honnêteté de notre guide sur comment est la grotte et ce que l’on va traverser rassure vraiment. C’est vachement agréable d’avoir confiance en son meneur et d’éviter les mauvaises surprises de ma jeunesse ><.
Nous voici dehors, dans la « hidden valley » -vallée cachée – où seuls les singes, les oiseaux et les chats sauvages viennent nous tenir compagnie. Enfin, d’après leurs traces (empruntes de pattes de singes et pelote de rejection de gros chat)…
Cette vallée est majestueuse. On croise des traces de chèvres sauvages (style bouquetins), on entend des bourdonnements très très puissants et lorsqu’on lève les yeux au ciel, on ne peut qu’admirer ces immenses falaises rouges, ponctuées de nids d’abeilles un peu partout. Des ruches à même la roche.
Point historique : les chercheurs de gelée royale en Thaïlande est l’un des métiers les plus dangereux du monde, à récolter à même les falaises ou les cimes des arbres…
Ce contraste entre l’écrasement en sous sol, et cette étendue de roche à perte de vue est impressionnant.
Alors on s’installe pour notre déjeuner bien mérité. Pensez que nous en sommes pas encore à la moitié du chemin. Il nous faut maintenant gravir la jungle, en quête de trois autres grottes cachées, dans lesquelles renferment des sépultures, faites en bois de teck. Avec Ninon, nous nous sommes dit qu’en cas de guerre ou d’invasion zombie, ce maquis ferait une planque parfaite, avec des roches de gué en amont des grottes pour apercevoir toute personne approchant.
En attendant… ce fut coriace comme balade. Pas de chemin autre que celui que nous tracions, notre guide la machette à la main, des lianes partout et des troncs d’arbres parsemés d’épines telles des roses, ou de mini picots tels de cactus. Il fallait bien regarder ou mettre ses mains, ses pieds, et garder un équilibre constant sur ses pentes à pic glissantes.
Mais nous voici dans ces nouvelles grottes, dans lesquelles certains moines ont habité, se nourrissant des dons des villageois alentours, bien motivés à transporter ici eau (Oui, cet énorme bout de bambou est bien une gourde) et nourriture.
On prend notre temps, il commence à se faire tard, on redescend la piste, en mode ski, à glisser le long des pentes d’ocres argileuses, repoussant toujours plus loin, les limites de ma confiance en ma jambe.
Encore une très belle aventure. Qui au final s’est terminée très tard. Par conséquent on a pu avoir la chance d’admirer sur la route le coucher de soleil qui nous accompagnait.
Nous étions éteintés, sales et heureux. Encore une merveilleuse journée. Mais surtout… Intense.
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