L’aventure, ce n’est pas l’exploit, c’est l’inattendu

Georges Picard

Reposées de la veille, avec une fougue digne des plus grandes aventurières allant explorer le monde, nous prîmes les pagaies de notre kayak deux places et en avant pour la conquête marine d’îles encore inconnues (sisi, croyez moi… ou du moins faites semblant). Nous commençons à pagayer avant que le soleil ne pointe trop fort le bout de son nez (ramer à la fraîche est toujours plus agréable).

C’est parti pour une première heure à lutter contre les courants, pour atteindre l’île de Koh Roi.

Nous accostons sur la première plage : même bonheur que la veille, une biodiversité qui me met en joie !

Une limule à nos pieds, avec le soleil qui commence à poindre sur la jungle, une merveilleuse amie à mes côtés et la satisfaction d’arriver ici à la force de nos bras : c’est ma vraie définition de plage paradisiaque.

Hélas, la pauvre limule était morte, échouée en verité, là, sur la plage. J’ai néanmoins pu reprendre ma casquette de médiatrice, en rapportant mes connaissances sur ce face hugger (ouaip, Ridley Scott s’inspire lui aussi du vivant) que j’avais acquises dans mon petit musée d’Ardèche à Ninon (Deux jours de suite de nostalgie, je savais que ces études me serviraient dans la vie ^^).

Reprise de notre frêle esquif. Nous repartons faire le tour de cette île merveilleuse. Entre deux falaises, un trou sur une paroie…

« – Hey regarde la bas ! Je crois qu’on pourrait passer par cette faille !

– Oui et regarde, on voit de la jungle derrière…Viens, on y va !

– On ne va pas rester coincées a l’interieur avec la marée ?

– T’inquiète, on est large »

Discussion enthousiaste de deux aventurières intrépides…

C’est ainsi que nous échouons sur une nouvelle plage, encerclée par de gigantesques falaises de calcaire. Nous sommes au cœur de l’île, dans une mangrove et pendant quelques secondes, nous nous sentons l’âme de véritables exploratrices. Depuis la dernière marée, personne n’a foulé ce sol. À chaque instant nous nous attendions à voir surgir un dinosaure de derrière des racines, comme dans voyage au centre de la terre. Ou encore, ces tout petits dinosaures de jurassik parc qui pullulent le long des plages pour manger des petites filles ^^.

Une sensation vraiment exquise, que j’ai recherchée toute ma vie, rêvant depuis très jeune de devenir un jour exploratrice.

L’émotion est là. Elle est belle, elle est forte, elle est pure. Un moment de rare équilibre dans l’univers où seul l’instant présent existe. Autant que nos âmes d’enfants. Mais effectivement, voyant la marée monter, nous rembarquons sur notre bolide, laissant derriere nous les seules traces de vie humaines, en 37 et 38.

Nous sommes toujours à jeûn de la veille, et la faim commence à se faire sentir. Nous continuons notre tour de l’île et à la fin du tour complet, nous retournons tranquillement vers Koh Yao Noi, sous un soleil de plomb et de nouveau à contre courants. La ligne de flotaison commence à baisser, nous naviguons littéralement le cul dans l’eau, relativement bien infiltrée dans le kayak.

Nous prenons malgré tout notre temps, à contempler les pêcheurs de méduses (!!!) autour de nous lorsque le bateau décide de faire des tours sur lui-même. On reprend des principes bouddhistes : ne pas lutter, et se laisser porter. A ne pagayer uniquement lorsque nous sommes dans le bon sens, ou tester à reculons pour faire travailler des muscles différents. Essayez le moonwalk en kayak, c’est très fun.

Force est de constater que nous commencions à fatiguer. Ninon de ses courbatures d’escalade dans la jungle deux jours avant et moi du fait de ne pas m’être encore reposée depuis mon départ et ma formation 😅.

Le cumul fatigue + kayak qui prend l’eau + soleil + faim + pas d’autre île sur le chemin, nous fait choisir un chemin du retour longeant les falaises de Koh Yao Noi, un trajet fort agréable car à l’ombre.

Nous avons suivi un couple de magnifiques échassiers gris, des aigrettes sacrées, le long des falaises, des rochers, des arbres, des lianes que comportait notre périple. Un dernier arrêt sur une petite plage non loin du port et accessible par la jungle, nous rappelle que la nature est belle et que l’humain en fait vraiment n’importe quoi. Ceci dit, la greffe de tong rose sur l’arbre a l’air de fonctionner…

Quand je pense que nous étions là…

Après avoir vidé l’intérieur du kayak de son eau, retour au bercail. Repas, douche et relaxation de la guerrière par un massage de nouveau avec le meilleur masseur du coin, qui ne parle pas un mot d’anglais, mais que j’ai ressenti scrupuleusement pour en apprendre le plus possible tellement il est efficace. Et où je me dis que finalement je suis très douce comme masseuse…


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